Rappelle-toi tes « fiches profils », pour préparer le bac. Tout était résumé. On n’avait pas besoin de lire les bouquins pour en parler. Chez Sparse, c’est pareil pour le cinéma : on a regardé des classiques pour toi. Plus besoin de t’emmerder à mater ces trucs trop lents alors qu’il y a plein de supers films avec des explosions sur Netflix. Ne passe plus pour un inculte mais deviens un vrai usurpateur grâce à Sparse et fais croire à tout le monde que tu as vu ces bijoux du 7ème art. Attention maxi spoiler !

Nom : Jean-Jacques Annaud d’après un gros best-seller d’Umberto Eco écrit en 1980.
Genre : Polar moyen-âgeux, film italo-franco-allemand (et ouais mon pote), tourné en anglais (et un peu en latin).
Durée : 131 minutes.
Palmarès : César du meilleur film étranger (parce que pas tourné en français)

Le contexte

En 86, J-J. Annaud est le réalisateur qui monte après Coup de tête avec Patrick Dewaere et La Guerre du feu avec… plein de gars qui grognent. Les producteurs y filent carrément 20 millions de dollars pour adapter le bouquin d’Umberto Eco qui a fait péter les compteurs de vente en librairie au début de la décennie. Ils tournent les intérieurs dans des châteaux allemands bien austères et à Cinecitta, les studios de Rome. Les extérieurs sont filmés en Italie.

Le casting

Jean-Jacques prend Sean Connery (enfin, on lui impose) comme héros, sorte de Hercule Poirot médiéval. Flegmatique, pince-sans-rire, classe. Sean, c’est James Bond, mais à l’époque, le gars est cramé. Dans le creux de la vague. Il n’a pas tourné depuis 2 ans et un narnard nommé L’Épée du vaillant. Ce film le relancera. T’as aussi le jeune Christian Slater à 16 ans et ce bon vieux Michael Lonsdale dans le rôle de l’Abbé (un acteur français, comme son nom ne l’indique pas). Ron Perlman, le monstre de Jean-Pierre Jeunet est dans la place, et également tout un tas d’acteurs allemands que personne ne connaît en dehors du Reich, naturellement.

L’ambiance

Tout se passe dans un monastère qui fait flipper : grand donjon, murailles énormes, au milieu de rien. Ambiance sombre, éclairée à la torche et à la bougie. Les gars vivent la nuit, tu comprends pas pourquoi, c’est chelou pour des moines. Ils ont à peu près le même rythme de vie qu’un punk à chien en période de technival. Y’a que des gueules cassées dans tous les sens, le monastère tu croirais un centre de rééducation pour blessés de guerre. Les seuls qui sont beaux, c’est Sean et son assistant. Bref, c’est le freak show. Avec une musique glaçante à base de cloches.

Le pitch

Sean Connery (Guillaume de Baskerville, comme le chien) enquête sur des morts mystérieuses dans un monastère. Lui, c’est un franciscain alors que les moines du coin sont des bénédictins. Je t’explique pas les détails mais les franciscains en bure, c’est les plus cools. Ils sont aux moines ce que François Ruffin est à la politique française. Sympas, un poil rebelle, assez drôles et salement gauchistes. Sean Connery, il était là pour un week-end de travail entre collègues, à la cool, genre cocktails et soirée dansante et comme par hasard, y’a des moines qui crèvent à tour de bras. Sean est un mec qu’on respecte donc l’abbé (Michael Lonsdale) lui confie l’enquête comme il est dans le coin. Sean Connery se trimballe partout avec son petit stagiaire Adzo (Christian Slater). Lui, il apprend en écoutant son patron et en disant oui à tout. Et ils dorment ensemble… Ce qui ne dérangeait personne à l’époque.

L’enquête

Malgré l’hostilité et les sales gueules des moines sur place, Sean et son arpète calculent très vite que les moines meurent empoisonnés. Sean rencontre un bibliothécaire muet, un bossu fou (Ron Perlman, que toute une génération a passé ses récrés à imiter, « Stupido ! Salvatore stupido »), et essaie de percer le secret des morts. Pendant ce temps-là, le stagiaire rencontre une meuf. Une espèce de sauvage gitane qui le pécho vite fait. Ensemble, ils se mettent tout nus et font l’amour devant la caméra. Ce qui permet de voir le zizi de Christian Slater. La fille, v’la le rôle… Elle gromèle et elle veut se farcir des hommes… Tu vois qu’on est dans un monde pré-#metoo, c’est le seul rôle féminin du film… Tu vas me dire dans un monastère y’avait pas beaucoup de gonzesses mais bon. Sur ces entrefaites, y’a l’inquisition qui se pointe. L’inquisition, pour la faire vite fait, c’est des envoyés du Pape qui brûlent tous ceux qui ne sont pas d’accord avec le Pape en les accusant d’être hérétiques. Alors là, tout va très vite. Sean découvre aussi que les moines sont pas les derniers pour se frotter les uns aux autres, ce qui est un secret de polichinelle aujourd’hui encore. Il découvre aussi que c’est un vieil aveugle (le Freak show ce film !) qui a empoisonné un livre et que les moines qui le lisent meurent peu de temps après. Ce livre, c’est un truc d’Aristote qui parle de comédie. Autant te dire qu’au Moyen Âge, lire ça c’est comme mater GrannyFootSex.com maintenant, à savoir extrêmement déviant. Le vieil aveugle fout le feu au monastère se sentant démasqué. Pour finir sur une note aussi joyeuse que le reste du film, le gars de l’Inquisition, une espèce de sous-Hans Gruber de Die Hard (F. Murray Abraham, le Omar de Scarface quand même), envoie le bossu, un pote à lui et la gitane (forcément) au bûcher. Tout le monde crame, sauf la fille. Elle voudrait que le stagiaire reste avec elle mais il préfère se casser avec Sean Connery. C’est chacun son truc, mec. Une belle fable de tolérance.

P.S : L’avantage de cette fiche est que tu pourras également faire croire que t’as lu le livre. Sachant que le livre n’est pas qu’une enquête mais aussi une tribune pour « la connaissance face au totalitarisme, la raison face au fanatisme religieux ou encore la logique face à la mystification ». Retiens cette phrase par cœur.

Fiche lecture tirée du magazine n°31 de septembre 2020

Texte : Chablis Winston // Photo : DL