À partir du 19 novembre, le FRAC Franche-Comté se transforme en espèce de scène de crime géante, façon polar avec la première monographie en France, et à Besançon en l’occurence, de Lawrence Abu Hamdan artiste se définissant comme un détective sonore…

Déjà présent dans la collection du FRAC, l’artiste jordanien n’avait jusqu’alors pas eu le droit à une monographie (une exposition dédiée uniquement à son travail ndlr) en France. Cette exposition regroupe principalement des oeuvres sonores et audiovisuelles, logique pour quelqu’un qui se définit comme un détective sonore donc. Il est conseillé de prévoir un peu de temps pour profiter pleinement des oeuvres et d’un travail qui s’avère hautement documentaire. L’artiste très engagé politiquement travaille notamment avec des associations comme Amnesty International ou Forensic Architecture.

Son oeuvre constitue un travail méticuleux, afin de fournir des éléments de réponses lors d’enquêtes et/ou de procès. C’est le cas notamment dans l’oeuvre Saydana, qui évoque la prison situé à 25 minutes de Damas au nord de la Syrie, où plus de 13000 personnes ont été exécutés sous le régime de Bachar Al-Assad. Cette prison est inaccessible aux observateurs internationaux et seuls les prisonniers qui en sont sortis représentent la mémoire du lieu, plongé la plupart du temps dans la pénombre et où les communications sont limités. L’artiste à donc travaillé avec les témoignages pour créer un document sonore autour d’un endroit que l’on qualifie aujourd’hui de camps d’extermination.

La question de la territorialité est également essentielle dans l’oeuvre de Lawrence Abu Hamdam puisque la première oeuvre, est un document vidéo tourné dans une bibliothèque à cheval entre les Etats-Unis et le Canada. 45th Parallel est une curiosité qui implique des règles strictes, et une « ligne grise » qui est bien souvent franchise. De la même façon l’oeuvre The Diary of a Sky évoque les violations des espaces aériens au Liban notamment par l’armée Israëlienne. Ces vidéos prisent entre 2020 et 2021 ont bien évidemment un écho tout particulier dans la conjoncture actuelle.

Enfin, de façon, un tantinet plus léger, nous pouvons évoquer Earwitness Anthology, une banque de données collectée et/ou crée par l’artiste lors de différentes affaires/ faits divers. Des exemples où les sons étaient contradictoires et ou aussi l’oreille humaine aurait été biaisée (un tir, un coup de poing, une explosion…). Des pré-conçus sonores biaisé par le cinéma et les sounds effects, que Lawrence Abu Hamdan s’évertue à détricoter.

Une expo passionnante pour les passionnés de sons, mais pas que. Pas la plus marrante à découvrir on en convient, mais tellement intéressante, sinon pour vous marrer vous pouvez toujours mater Pat Seb pendant les fêtes à la TV.

Texte : FLT // Photo de couverture : Blaise Adilon