VEINS, c’est la nouvelle expo’ d’Antoine Renard aux Ateliers Vortex à Dijon, jusqu’au 1er juillet. VEINS et c’est aussi le titre phare du premier album de Lil Peep, précurseur du rap-émo. Une coïncidence ? Pas vraiment…

Antoine Renard est un artiste qui puise ses inspirations dans la mémoire intime et qui expérimente la sculpture olfactive. Et là tu te demandes ce qu’est cette dinguerie ! Antoine nous l’explique : « Je joue avec les matériaux et avec les sens, c’est ce qui génère l’histoire, comme une sorte de trame émotionnelle et sensorielle que je développe dans mes projets. C’est un peu comme une peinture mais en 3 dimensions d’une certaine manière où tout est important entre l’espace, les sons, les matériaux, la lumière… tout rentre en compte. »

Pour la plupart de ses œuvres, Antoine s’intéresse à la culture populaire et aux figures adolescentes. Ici, il s’intéresse plus particulièrement au king du rap-émo Lil Peep, mort d’une overdose à 21 ans. « Cette culture émo-rap est une esthétique et une attitude très tourmentée et violente mais en même temps très romantique. C’est pour moi une personnalité presque archétypale du temps des années 2010 ». On ne peut pas dire que Lil Peep n’etait pas dans l’excès, mais les gens comprenaient ces attitudes. « Si ses chansons étaient si populaires alors qu’il en a fait si peu, c’est que ça touche quelque chose que beaucoup de gens peuvent ressentir, spécialement dans sa génération. La question que je me pose c’est qu’est-ce qu’il cherchait à fuir ou à soulager ? Quelle douleur l’a poussé dans de tels retranchements ? » En gros, cette installation architecturale va nous renvoyer à nos propres adolescences, aux différents questionnements qu’on peut se poser en tant que jeunes qui essaient de se construire dans la société actuelle. Mais Antoine nous assure que cette nouvelle expo’ parle d’amour, de douleurs du cœur mais aussi de réparation : « Moi je reviens de quatre mois de voyage initiatique en Amazonie Péruvienne où j’ai travaillé avec des guérisseurs et là j’explore activement ces problématiques de soins et de réparation par les plantes, les odeurs, les rituels, les chants et c’est ce que je remets en jeu dans cette installation VEINS. C’est presque une installation-rituelle qui parle de rupture, de cassure et de réparation », nous confie-t-il.

Concrètement, l’espace des Ateliers Vortex est séparé en deux par une grille où des pièces en forme de cœurs en cire parfumée fondus y sont incrustées. On trouve également une bande-son produite à partir du track « Veins » qui a été modifiée pour en tirer une série de nouvelles fréquences. Antoine a également travaillé sur le texte de la chanson en utilisant Chat GPT où il a demandé à l’IA d’interpréter chaque phrase du track comme une odeur et elle a répondu par plusieurs possibilités olfactives du texte de Lil Peep. « J’utilise l’intelligence artificielle qui elle-même est nourrie par une culture populaire du web ; c’est comme si j’interrogeais une sorte d’inconscient collectif d’interpréter les paroles de la chanson de manière synesthésique, comme si c’étaient des odeurs. Ce qui permet de démultiplier la potentialité de l’ambiance olfactive de l’expo. » La cire pour a été coulée par couches donc il y a plusieurs odeurs dedans, ce qui fait qu’on ne va pas forcément être attiré par les mêmes odeurs. « C’est une manière de faire un écho entre les pièces olfactives et le texte qui parle d’odeurs ».

Texte : Maia // Photos : Les Ateliers Vortex // Artwork : Atelier Tout Va Bien